Saïda, la petite fille de
l’Amazonie
Si nous avons décidé de nous lancer dans un tour du monde c’était afin d’élargir nos horizons, de découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux modes de vie mais surtout de faire des rencontres qui nous changeront à jamais. Cela a notamment été le cas lorsque nous avons fait la rencontre d’une fillette de 9 ans au fond de l’Amazonie, Saïda.
Comme nous vous l’avions raconté lors de notre article sur notre séjour en Amazonie nous avons eu la chance de dormir sur une cabane flottante au milieu de l’Amazone. Au sein de cette cabane, un homme vit à l’année avec sa fille, Saïda, 9 ans, un sourire à faire fondre les cœurs les plus solides.
Lors de notre arrivée, Saïda ne nous adressait pas encore la parole. Elle crapahutait dans la cabane avec une agilité féline en prenant garde de ne pas croiser nos regards. C’est lors de notre deuxième journée en Amazonie qu’elle a commencé à s’approcher de nous. Lorsque notre guide nous a annoncé que nous allions partir à la pêche aux piranhas, la fillette jaillit de nul part en lui demandant si elle pouvait nous accompagner. A cet instant nous nous sommes rendus compte qu’une fillette vivant dans l’Amazonie, l’endroit le plus hostile à l’homme, n’est évidemment pas une fillette ordinaire.
A notre départ en pirogue notre guide avait placé Victor à l’avant de l’embarcation afin de nous frayer un chemin parmi les hautes herbes. Sauf que Victor n’est pas le plus grand fan des araignées, et qu’en nous frayant un chemin au milieu de l’Amazone, il servait plus de boucliers anti-araignées qu’autre chose. De peur, et de manque de connaissance (faut dire que des araignées jaunes fluo ca ne rassure pas franchement) Victor en tuait plusieurs jusqu’à ce que Saïda vienne se mettre à l’avant en lui disant d’arrêter de tuer ces animaux. C’est à ce moment-là que cette gamine nous mettait la première claque de notre séjour Amazonien. C’était incroyable de la voir ramasser chaque araignée qui arrivait sur notre bateau avant de la déposer délicatement dans les hautes herbes. On ne vous cache pas que d’assister à cette scène où une frêle gamine de 9 ans protégeait un grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix était pour le moins cocasse.
Une fois notre partie de pêche terminée, il était temps de rentrer et pour le retour Saïda prit la place de Victor en nous expliquant qu’elle pouvait nous apprendre plein de choses sur tous les animaux qui allaient venir sur le bateau car « ce sont tous ses amis ». Pendant le trajet la gamine commença à s’ouvrir à nous et à nous raconter son quotidien. Là, je pense qu’aucun mot ne pourra décrire le contraste entre la pureté du sourire de l’enfant et les horreurs qu’elle nous racontait. Par exemple, lorsqu’on lui demanda si elle avait déjà eu peur, elle nous raconta que cela lui était arrivé une fois lorsqu’elle se baignait dans l’amazone et qu’elle avait été pourchassée par des caïmans à l’âge de 5 ans ou encore quand des tarentules s’étaient glissées dans son lit. Autant d’expériences qui auraient suffit à terrifier les plus braves des hommes.
De retour sur notre cabane flottante, Saïda décida de rester avec nous, comme si nous avions enfin gagné sa confiance. Elle nous posait plein de questions et nous en faisions de même. C’est à cet instant que nous avons appris qu’elle était la seule fille d’une fratrie de huit enfants et qu’elle était la seule à ne pas aller à l’école à cause de ses papiers (alors qu’on pense d’avantage que c’est en raison de son sexe qu’elle n’allait pas à l’école…). Elle nous raconta aussi qu’une fois, une famille de touristes proposa de l’adopter mais que son père refusa et qu’elle était contente d’être encore dans l’Amazonie avec ses amis les animaux. Alors que nous étions déjà sous le choc de notre discussion avec la gamine, le moment le plus émouvant fut quand elle nous apprit qu’elle parlait peu aux touristes car c’étaient « des amis qui partaient au bout de 24h »… Les larmes commençaient à monter avant que Saïda ne se lève brusquement et nous ramène un cahier de coloriage de la reine des neiges. On en aurait presque oublié que malgré tous ses gestes dignes des plus grands aventuriers elle n’était en fait qu’une gamine d’à peine dix ans !
Après près d’une heure de coloriage, notre guide nous dit qu’il était temps pour nous de partir et d’un coup le regard de la gamine s’assombrit… Nous lui avons promis que nous reviendrons en sachant bien que les aléas de la vie font que nous ne nous reverrons sans doute jamais. Son au revoir de la main, la larme à l’œil quand nous nous éloignions de la cabane en pirogue restera à jamais gravé dans nos mémoires, comme tous les instants que nous avons partagés avec elle.
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