C’est après un mois passé en Polynésie que nous sommes arrivés en Nouvelle-Zélande. Forts de notre expérience polynésienne nous avions hâte de réutiliser les quelques mots tahitiens que nous connaissions avec leurs cousins les Maoris et surtout de découvrir leur culture dont la renommée a traversé les frontières. Malheureusement nous n’avons eu quasiment aucun contact avec le peuple Maori, qui semblait plutôt difficile d’accès. Nous avons essayé d’en comprendre les raisons.
Un peu d’histoire
Si aujourd’hui la Nouvelle-Zélande est majoritairement peuplée de migrants britanniques ce sont bien les Maoris qui étaient les premiers présents sur la terre du bout du monde. Issus du peuple polynésien, les maoris s’installèrent entre le 13ème et le 14ème siècle en Nouvelle Zélande. Les européens arrivèrent eux trois siècles plus tard par le biais du navigateur hollandais Abel Tasman en 1642. Le célèbre James Cook fut le premier à cartographier l’ensemble des côtes de ces îles en 1769. Au début du 19ème siècles les britanniques envoyèrent de nombreux navires remplis de colons pour peupler les îles du bout du monde. Cependant, voyant l’intérêt des Français pour ce territoire si particulier, ils décidèrent d’officialiser leur emprise sur la Nouvelle-Zélande en signant avec les Maoris le traité fondateur du pays : Le traité de Waitangi.
Un traité faussement égalitaire
Réalisé en 1840, le traité de Waitangi avait pour but d’éviter une nouvelle colonisation sanglante pour les Britanniques et surtout de s’assurer une cohabitation pacifique avec les tribus locales. Dès 1840 ce traité souleva de nombreuses polémiques au sein des différentes tribus maoris. Il fallut plus de 400 réunions et 50 signatures pour officialiser le traité. Si tant de débats furent soulevés par ce traité c’est en raison de son aspect (évidemment) fort avantageux pour les Britanniques.
Le traité de Waitangi ne comporte que trois articles. Le premier reconnaît la souveraineté de la Couronne sur la Nouvelle-Zélande. Le second, garantit aux chefs maoris le maintien de leur autorité ainsi que de leurs terres sur leur territoire tout en faisant de la couronne le seul acquéreur possible de terres néo-zélandaises. Enfin, le dernier article promet une égalité de droits entre les Maoris et les Britanniques. Cependant, comme vous pouvez l’imaginer, le traité fut traduit de façon assez floue à l’époque. C’est notamment cette traduction qui créa de nombreux débats, encore d’actualité en 2023…
Quelques années après la signature du traité, en 1852, la Nouvelle-Zélande obtint son autonomie politique. Pendant une décennie, Maoris et Britanniques ont vécu et fait affaire ensemble. Cependant cette paix fut interrompue par plusieurs guerres entre les Maoris et les colons. La Nouvelle-Zélande devint indépendante en 1907 et souveraine en 1947.
Un changement de mode de vie
Suite à l’acquisition de l’indépendance ainsi qu’à l’explosion démographique, de plus en plus de Maoris devinrent pauvres et n’ont eu d’autres solutions que de changer de mode de vie. En 1936 plus de 80% des Maoris vivaient en milieu rural, cinquante ans plus tard ce chiffre est inversé avec seulement 20% d’entre eux qui vivent encore dans les campagnes. Aujourd’hui 78% de la population néo-zélandaise dit descendre d’immigration européenne et moins de 4% parle encore le maori. Un recensement de 2001 a mis aussi en avant que plus d’un quart des Maoris ne connaissent plus leur tribu d’origine. Ce changement si brutal de mode de vie eut pour effet de couper les Maoris de leurs racines culturelles, historiques et familiales. Ces peuples historiquement soudés se craquelèrent, laissant place à une société bien plus individualiste.
Un retour au racine par le biais de communautés
Aujourd’hui, la jeunesse maori souhaite retrouver ses racines. Certains le font par le biais de la politique, d’autres rejoignent des communautés qui sont en réalité des gangs à l’image des Mongrel Mobs ou des Hells Angels. Ce sont ces gangs qui sont principalement pointés du doigt lorsqu’il est question de sécurité en Nouvelle-Zélande. Leur représentation est un tel problème que dès 2009 le leader du parti politique des Maori Pita Sharples essaya de rendre les insignes de gang (principalement arborés sur la veste) illégales. Ces activités illicites des Maoris font que s’ils sont à l’origine d’une certaine partie des actes de délinquances ils en sont aussi les principales victimes comme le soulignait le « New-Zealand crime and victim survey » publié en 2022 par le ministère de la justice néo-zélandaise. Ce rapport indique que » les maoris sont sur-représentés dans le premier quart des victimes de délinquance ». Cette représentation est d’ailleurs encore supérieure pour les individus âgés de 15 à 29 ans…
Une situation loin d’être réglée malgré des efforts récents
Aujourd’hui la représentation des Maoris dans le champ politique Néo-Zélandais semble augmenter durablement. L’ancienne première ministre Jacinda Ardem a nommé une enfant de Maori Cynthia Kira gouverneur générale de Nouvelle-Zélande mais aussi Nanaia Mahuta, une Maori qui arbore fièrement « moko kauae », tatouage facial maori réservé aux femmes, ministre des affaires étrangères. Cependant, les locaux nous confiaient, qu’il faudra faire encore beaucoup plus pour que le « vivre ensemble » entre maoris et descendants de colons britanniques ne soit plus un rêve mais bien une réalité.
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