LES KHMOUS

Comme vous devez le savoir si vous avez lu les articles sur notre itinéraire ou sur nos coups de cœur, c’est bien au Laos que nous avons été le plus au contact des populations locales et d’une en particulier : les Khmous. Après ces quelques jours passés à partager leur quotidien, nous avons eu envie de dresser un portrait de cette communauté aussi chaleureuse qu’atypique.

Qui sont les Khmous ?

Les Khmous sont un groupe ethnique d’Asie du sud dont 88% de la population vit au Laos. Historiquement cette communauté jouissait d’un plus grand territoire mais les empires Hmong et Khmer puis la migration thaï les ont progressivement poussés à se retirer dans les montagnes du nord. Les khmous sont une communauté agraire qui vit de la chasse et de la récolte. Si la principale culture est celle du riz, ils cultivent aussi énormément de légumes dont la qualité nous a fortement surpris au vu des conditions climatiques difficiles. La fastidieuse récolte du riz incombe aux femmes. Une fois récolté, le riz est alors stocké en amont du village dans des petites cabanes de fortune afin de le préserver des incendies et des rongeurs. Concernant le langage, chaque sous-groupe de Khmous aura son propre dialecte, malgré tout le laotien reste la langue officielle et donc celle qui est enseignée à l’école.

Une vraie vie communautaire

Chez les khmous le lien social est primordial et le concept de vie communautaire prend tout son sens. Si chaque village dispose de quelques leaders clairement identifiés (le shaman, le guérisseur, le religieux et le chef de village) les décisions collectives sont prises lors d’assemblée générale. Ici tout le monde s’adresse à son voisin en l’appelant « tay-haem » ce qui signifie grand-frère ou sœur. En parlant des sœurs, ce sont généralement ces dernières qui vont s’occuper de l’éducation des petits derniers de la famille. Ainsi il n’est pas rare de voir une fille de sept ou huit ans se balader avec un nouveau-né dans les bras.
Preuve de l’importance de ce lien social au sein de cette communauté, chaque soir nous avons eu l’occasion de nous asseoir autour d’un feu et pendant plusieurs heures tous les membres du village allaient et venaient autour de celui-ci. Ils restaient quelques minutes, discutaient avec leurs amis avant de repartir. Il s’agit en fait d’une tradition ancestrale chez les Khmous. Tous les soirs un feu de camp est allumé et les hommes s’y retrouvent pour boire un verre d’alcool de riz, fumer quelques cigarettes (anciennement c’était de l’opium) en refaisant le monde. Au sujet du commerce, encore une fois la communauté est reine. Bien que cela évolue avec le temps, il n y a que peu d’argent qui circule dans les villages Khmous. Ainsi un artisan pourra échanger un panier tressé contre quelques légumes ou un ouvrier pourra aider à la construction d’une maison en échange de quelques bouteilles d’alcool de riz.

ALEJANDRO 2

Une tribu profondément croyante et spirituelle

Ce qu’on a particulièrement apprécié en s’immergeant dans la culture Khmous ce sont leur croyances. Chaque fait et geste des membres du village peut-être expliqués par une croyance ancestrale. Par exemple, les maisons seraient habitées par les esprits de la terre et sont donc considérées comme des endroits sacrés. Ainsi les maisons Khmous doivent être construites de l’est vers l’ouest et ne jamais être à l’intersection de la courbe du soleil. Chaque maison doit disposer de deux portes, l’une servant d’entrée et l’autre de sortie. De cette façon, les esprits sont plus libres d’entrer et de sortir de la bâtisse sans encombre. Malgré tout, les esprits ne sont pas tous les bienvenus. S’il n y a pas de fenêtre dans les maisons Khmous c’est pour éviter que les défunts du foyer ne reviennent sous la forme de tigre pour attaquer les vivants (sympa l’ambiance).
Dans certaines situations les esprits sont aussi les principaux alliés des Khmous comme c’est le cas dans le cadre des récoltes. Les khmous organisent des rituels de sacrifices, non pas humains mais de riz afin de prier les divinités pour obtenir une météo clémente jusqu’à la prochaine saison. Ces cérémonies sont rythmées par le son du Yan, gong de bronze d’origine bouddhiste. Enfin les cimetières Khmous sont divisés en quatre sections: une pour les morts naturelles, une pour les morts accidentelles, une autre pour les enfants et enfin une dernière pour ceux qui sont morts loin de chez eux. Bien que leur religion soit un mélange entre bouddhisme, animisme et hindouisme, les Khmous ne croient pas en la réincarnation. En revanche, ils croient à la notion de « taboo ». Ainsi, si un membre de la tribu réalise un taboo tel que toucher l’amulette protectrice d’une maison ou encore entrer dans une maison sans permission entraînera une vengeance des esprits.

Des moments hors du temps

Dire que ces quelques jours passés au sein des tribus khmous nous ont marqué serait un euphémisme. Dès notre arrivée dans ces villages on a été surpris de la beauté de ces derniers. Au cœur de chaînes de montagnes, au bord de rivières, ces petits villages pittoresques donnent envie d’être pris en photo sous toutes les coutures tant ils se fondent à merveille dans ces magnifiques décors. Plus que les villages en eux-mêmes nous retiendrons tous les instants passés avec les locaux. Contrairement à d’autres villages asiatiques que nous avons pu visiter, nous avons clairement vu que certains villages comme HuayFay ou Ban Na n’étaient pas habitués à recevoir de touristes. Au départ, les locaux semblaient très distants, presque méfiants. Ce constat était d’autant plus surprenant venant des enfants qui sont d’habitude les premiers à vous sauter dessus pour jouer ou essayer de vous parler. Mais au fur et à mesure du temps les langues se délient, les visages se décrispent et les sourires apparaissent. Nous n’oublierons jamais tous ces moments uniques à jouer avec les enfants ou à partager des repas (avec les mains évidemment) avec les locaux.

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