LES ILES GALAPAGOS : d’îles inhabitées à paradis protégé

Nov 1, 2022 | Découvertes, Destinations, Galapagos

Brève histoire des Galapagos

« La majorité de l’île est constituée de pierres noires gigantesques. Il semblerait que Dieu ait fait tomber ces pierres et puni les habitants avec le sol le plus sec jamais vu. Les seuls habitants que nous avons vus sont des otaries, des tortues de mer, des iguanes qui sont similaires à d’énormes serpents et des tortues de terre si grandes qu’un homme peut se tenir debout sur elles. Sur les autres îles nous avons retrouvé les mêmes conditions difficiles mais aussi des oiseaux blancs et noirs si bêtes qu’ils semblent incapables de voler et qu’il est possible de les attraper à la main »
C’est avec ces mots qu’en 1535, Tomas de Berlanga informa le roi d’Espagne des nouveaux territoires conquis par l’empire espagnol aux incas. Sans le savoir, l’explorateur venait de découvrir les îles Galapagos. C’est d’ailleurs de cette découverte que vient le nom Galapagos. Le terme « galapago » signifiait « selle de cheval » en ancien espagnol. Les nouveaux explorateurs décidèrent donc d’appeler ces îles Galapagos en hommage aux carapaces des tortues terrestres qui ressemblaient aux selles à cheval de l’époque.

Le navire beagle et l’arrivée de Charles Darwin

Pendant de nombreuses années ces îles volcaniques, jugées inhabitables, furent abandonnées et seulement utilisées comme repère pour quelques pirates errants dans le pacifique. Il faudra attendre 1829 et l’expédition du navire beagle pour que l’on s’intéresse à nouveau à cet endroit exceptionnel. C’est dans cette embarcation qui avait pour but de cartographier l’Amérique du Sud que le capitaine Fitzroy ainsi qu’un jeune biologiste de vingt ans du nom de Charles Darwin allaient révolutionner le monde scientifique. Dès le début de l’expédition, Charles Darwin passe un maximum de temps à terre pour récupérer des échantillons de la faune locale, des fossiles ou même des animaux pour ses recherches. C’est en étudiant ces échantillons qu’il commence à observer des similitudes entre les fossiles et les espèces actuelles, ce constat sera le point de départ de sa fameuse théorie de l’évolution. Au fur et à mesure que son analyse des specimens progresse, il réalise que les espèces (notamment les oiseaux) sont légèrement différentes d’une île à une autre. Il remarque que les becs des oiseaux diffèrent d’île en île et surtout sont adaptés aux arbres à fruit qu’ils ont à disposition. Voici la conclusion à laquelle il arriva en 1859 après plus de vingt ans de recherche: Seules les espèces qui ont réussi à s’adapter à cet environnement hostile ont survécu. La théorie de l’évolution venait de naître et de remettre en question l’idée de la création divine de notre univers.

Les Galapagos aujourd’hui : un paradis isolé

Si Charles Darwin a pu réaliser toutes ses études et en tirer des conclusions révolutionnaires c’est principalement en raison de la position géographique de ces îles. L’archipel des Galapagos est situé à plus de 900km de l’équateur et est composé de 130 îlots dont seulement quatre sont habitables (Santa Cruz, San Cristobal, Isabela, Floreana). En visitant les Galapagos aujourd’hui on comprend pourquoi le jeune biologiste décrivait cet archipel comme « une île dont l’aspect n’a rien d’attrayant ». Les traces des volcans qui ont façonné ces îles sont encore bien présentes aujourd’hui. Une grande partie des îles est donc constituée de cratères de volcans inactifs ainsi que de pierres volcaniques noires. Si la composition de l’île n’interessera que les férus de géologie, l’unique richesse de sa faune et de sa flore ne manqueront pas d’émouvoir les petits et les grands. (vous pouver cliquer ici si vous voulez en apprendre plus sur les incroyables habitants de cette île).
Ce n’est qu’en 1959 que les îles Galapagos sont officiellement devenues un parc national. Il aura donc fallu attendre longtemps pour que les instances équatoriennes prennent conscience de la richesse incroyable de la faune et la flaure de cet archipel et décident de la protéger. Dans la lignée de ces efforts de conservation les îles Galapagos devinrent en 1978 membre du patrimoine mondial de l’UNESCO avant d’enfin devenir une réserve marine en 2001

Un paradis en danger

Bien que l’UNESCO ait retiré le statut de « patrimoine mondial en danger » aux Galapagos en 2008, considérer que cet archipel est hors de danger serait une grave erreur. Sa situation géographique, son isolement au milieu de l’océan le rendent vulnérable à de trop nombreux facteurs. Le premier concerne l’introduction d’espèces par l’homme. On peut les rassembler dans différentes catégories. La première regroupe tout le bétail qui détruit une partie de la végétation y compris les cactus qui représentent la principale source de nourriture des tortues terrestres. Malheureusement l’élevage intensif progresse de jour en jour pour nourrir une population qui elle aussi ne cesse de se développer. Il y a ensuite les animaux domestiques qui sont abandonnés à l’image des trop nombreux chiens errants que l’on a malheureusement pu croiser. Enfin viennent les prédateurs comme les rats qui se nourrissent exclusivement d’oeufs de tortues terrestres ou d’iguanes. Ces espèces invasives, qui n’étaient évidemment pas présentes avant l’arrivée des hommes sur l’archipel, prolifèrent à un rythme alarmant et représentent clairement le plus grand danger pour les Galapagos.
Le second grand danger pour l’île est naturel et possède le nom d’un enfant : El nino. Ce nom, d’apparence innocent, désigne en réalité un courant chaud venant des côtes péruviennes et qui est destructeur pour l’ensemble de l’écosystème marin des Galapagos. Les eaux plus chaudes vont pousser les plus grandes espèces à descendre plus en profondeur pour trouver des températures plus clémentes. Cependant, certaines espèces comme les iguanes marins sont clairement en danger de mort quand arrive El Nino. En effet, ces derniers ne se nourrissent que d’un seul type d’algue (raison pour laquelle ils sont endémiques aux iles des Galapagos) et cette algue ne survit pas aux courant chauds. C’est donc une grande parties de ces dinosaures millénaires qui est morte de faim lors du dernier épisode d’El nino.

Une note d’espoir, l’autoroute de nemo

Malgré tout, devons-nous penser que cette situation est perdue d’avance ? NON ! Il y a de plus en plus d’initiatives gouvernementales qui sont mises en place afin de protéger ce paradis isolé. Les Galapagos ainsi que les îles Cocos qui appartiennent au Costa Rica, sont les deux endroits au monde où la biomasse de requins est la plus forte. Bien que ces deux endroits soient bien protégés, la pêche industrielle y est interdite, les biologistes marins ont remarqué que le nombre de ces espèces diminuent d’années en années. Cela s’explique par le fait que ces animaux migrent. Dès qu’ils quittent ces eaux protégées pour aller se reproduire ils sont à nouveau la proie des filets de pêches. Des années de travaux de biologistes marins ont permis d’identifier le trajet parcouru par ces espèces. Ces travaux ont non seulement permis d’identifier avec précision ces trajets mais surtout de se rendre compte que les requins ne sont pas les seuls usagers de ces autoroutes. Tortues, raies, baleines, poissons en tout genre, c’est toute la faune marine et donc l’écosystème marin dans sa globalité qui utilise ce trajet.
Ainsi les gouvernements Costa-Ricain, Equatorien, Colombien et panaméen se sont alliés en 2022 pour créer un triangle reliant leur côtes dans lequel seule la pêche locale d’espèces non protégées est autorisée. Il ne manquait plus qu’à trouver un nom à cette superbe initiative, l’un de ses créateurs Costa-Ricain trouva un nom qui s’imposa de lui-même : l’autoroute de Nemo.

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