En visitant la Bolivie il est impossible de ne pas être intrigué par tous les décalages qu’on observe dans ce pays. En comparaison de ses voisins argentins ou péruviens, la Bolivie semble être encore profondément ancrée dans ses traditions tout en s’ouvrant au tourisme de masse et à la modernité. Nous avons eu envie de creuser le sujet pour mieux appréhender les tenants et les aboutissants qui font de la Bolivie le pays qu’elle est aujourd’hui.
Un peu d’histoire
Avant que les colons européens ne débarquent sur le continent sud-américain, la Bolivie faisait partie des territoires de l’empire Inca. Il s’agissait même du plus grand état de l’amérique pré-colombienne. A leur arrivée au milieu du XVIème siècle, les espagnols découvrirent une grande quantité d’argent et d’or dans les différentes mines du pays (notamment dans les alentours de Potosi). C’est ainsi que la Bolivie prit une importance stratégique pour les colons qui envoyèrent de nombreux esclaves travailler dans les différentes mines du pays pour en extraire les minéraux. A cet instant Potosi devint la plus grande ville du « nouveau monde » avec près de 150.000 habitants. Comme sur l’ensemble du continent, les espagnols menèrent une guerre sans merci aux cultures historiques et traditionnelles qui étaient présentes sur le territoire dans le but d’y installer le christianisme.
Débutées en 1809, les guerres d’indépendance prendront fin en 1825 avec l’arrivée des armées de Simon Bolivar qui donnera son nom au pays. A cet instant, la Bolivie est l’un des plus grands et puissants pays du continent sud-américain. Cependant, au fil des années le pays ne va cesser de perdre des territoires au gré des différentes guerres qui vont l’opposer à ses voisins. Ainsi, Brésil, Pérou, Argentine, Paraguay et évidemment le Chili vont annexer différentes région du pays jusqu’à laisser le territoire bolivien tel qu’on le connaît aujourd’hui, dépourvu d’accès à la mer.
Lors du XXème siècle, l’armée et les familles les plus riches occuperont le pouvoir en alternance. Le suffrage universel n’arrivera en Bolivie qu’après la révolution de 1952. Cependant l’après révolution ne sera pas tout rose. Les quelques rares périodes de démocratie seront interrompues par différents coups d’état militaires jusqu’à l’arrivée en 2005 au pouvoir d’Evo Morales qui sera le premier président issu des populations indigènes du pays.
Un pays rempli de traditions
Si la Bolivie dispose aujourd’hui d’une si riche culture c’est principalement en raison des nombreuses ethnies qui composent sa population. On n’en compte en effet pas moins de trente-six différentes dans tout le pays. Ces ethnies représenteraient plus de la moitié de la population du pays, ce chiffre fait de la Bolivie le pays d’Amérique avec la plus forte proportion de populations indigènes en son sein. Les deux plus importantes ethnies sont les descendants des incas : Aymaras et quechuas.
Cette pluralité d’ethnies entraîne aussi une pluralité de langages parlés sur le sol bolivien. La constitution bolivienne reconnaît trente-six langages différents. Chacune de ces tribus essayent de survivre en maintenant quelques-unes de ses anciennes traditions originaires des civilisations précolombiennes et incas. Par exemple, la tradition des Alasitas au mois de janvier où les boliviens achètent des miniatures censées représenter leurs rêves dans le but de les offrir à Ekeko qui est le dieu Aymara de l’abondance. A la Paz nous avons eu la chance d’assister à une autre célébration traditionnelle le Gran Poder. Cette dernière est particulièrement intéressante car elle tire ses origines du christianisme et de l’histoire de la création d’un couvent en 1663 tout en mettant à l’honneur l’historique culture bolivienne par le biais d’un défilé de danse folklorique des différentes ethnies du pays et une célébration de la Pacha Mama (mère nature) ! Ainsi, dans sa culture, la Bolivie est un pays plein de paradoxe entre célébration de son patrimoine culturel historique et incorporation des croyances catholiques importées par les colons.
Tourisme de masse
La Bolivie a longtemps occupé le bas du classement des pays les plus touristiques d’Amérique du sud avant de combler son retard de façon spectaculaire. En 2000 on comptait moins de 300.000 touristes dans le pays alors qu’en 2019 on en compte 1,2 millions ! Ce développement fulgurant est finalement assez logique lorsqu’on se rend compte de toutes les richesses naturelles que possède le pays. Entre le Salar d’Uyuni qui est le plus grand désert de sel au monde, les accessibles montagnes de la Paz, la densité de la forêt amazonienne ou encore la beauté des villes coloniales comme Sucre, la bolivie peut attirer pléthore de différents types de touristes.
Mais cela a pour conséquence de dénaturer certaines expériences, voire d’en rendre d’autres carrément dangereuses. On peut citer le salar par exemple qui est devenu une véritable autoroute pour touristes. Dans ce milieu désertique, on ne compte plus le nombre de vans, suivant l’exact même itinéraire que nous suivons chaque jour. Poussé à l’extrême, ce tourisme de masse peut aller jusqu’à devenir dangereux comme nous l’avons vécu lors de l’ascension du Huayna Potosi.
Avant d’arriver à La Paz nous avions beaucoup entendu parler du Huayna Potosi (nous avons d’ailleurs écrit un article à ce sujet ici). Ce sommet est devenu célèbre car il a la réputation d’être le sommet de 6000 mètres le plus accessible du monde. Il n’en fallait pas moins pour que les dizaines d’agences touristiques de la capitale proposent ce tour à l’ensemble des touristes qui déambulent dans les rues de La Paz. Nous avons trouvé particulièrement dangereux qu’aucun tour ne nous demande depuis combien de temps nous étions à La Paz (pour l’acclimatation) ou encore si nous avions la moindre expérience d’alpinisme. En effet, bien qu’une grande partie de l’ascension puisse être considérée comme de la randonnée de montagne, une autre partie relève plus de l’escalade pure et dure. Alors que nous étions très acclimatés à l’altitude et particulièrement rodés aux randonnées de montagne, nous avons dû abandonner à 5800 mètres suite à un violent mal des montagnes qu’a pu ressentir Pauline. En conclusion, avant de vous lancer dans une telle aventure, réfléchissez bien à votre condition physique car il ne faudra pas compter sur une agence de La Paz pour vous décourager.
Toro-Toro, Samaipata, Tuni, des coins authentiques épargnés du tourisme de masse
Cela veut-il dire qu’il faut abandonner l’idée de visiter la Bolivie ? Clairement la réponse est non ! Si des endroits comme le Salar d’Uyuni, ou encore la partie amazonienne sont devenus aussi touristiques c’est aussi parce que ces endroits sont uniques au monde et ne manqueront pas de vous marquer profondément. Malgré tout, pour ceux qui disposent de plus de temps, on vous conseillera de sortir des sentiers battus et d’aller visiter de véritables coins authentiques comme Toro-Toro (voir notre article ici), la verdure de Samaipata ou encore les montagnes de Tuni dans les environs de la Paz. C’est dans ces endroits que nous avons vécu nos expériences les plus fortes et authentiques au contact des populations locales et loin des centres touristiques.
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