On a (presque) gravi le huayna potosi !

Juil 1, 2022 | Bolivie, Découvertes, Destinations

Si le Salar d’Uyuni reste la principale destination touristique de Bolivie, les nombreux sommets de plus de 5000 mètres qu’on peut trouver tout au long du pays ne sont pas en reste. Après avoir réalisé quelques randonnées de plus de 5000 mètres près de La Paz nous avons donc décidé de nous lancer dans une expérience un peu folle : l’ascension des 6088 mètres du Huayna Potosi.

Bien choisir son agence

Étant réputé comme « le 6000 mètres le plus facile au monde » le Huayna Potosi est vite devenu un best-seller touristique de la capitale bolivienne. Pléthore d’agence vont vous accoster et vous proposer de rejoindre l’aventure avec elles sans vous questionner sur votre condition physique. C’est bien là que réside le principal problème de cette excursion. Cette ascension est un tel business que vous ne trouverez jamais une seule agence qui vous questionnera sur votre état de santé avant de lancer la grimpette. Il vous incombe donc de bien jauger vos capacités avant de partir pour une telle aventure. Par exemple, il est primordial d’être déjà bien adapté à l’altitude. Si vous venez d’atterrir en Bolivie, nous vous conseillons d’attendre au moins une semaine dans les alentours de La Paz avant de commencer l’ascension du Huayna Potosi. Vous avez plein de possibilité de randonnées à faire dans les environs de la capitale pour profiter de cadres magnifiques tout en s’acclimatant. (voir notre itinéraire en bolivie)

1er jour : Départ de La Paz et entrainement en piolets et crampons

Après plusieurs jours de recherche nous décidons de partir avec l’agence « Eloy guia de alta montana » fortement recommandée sur le groupe des français en Bolivie. Malheureusement nous n’aurons pas que des bonnes surprises avec Eloy mais nous en parlerons plus tard.

Nous partons donc le matin vers 9h de notre hôtel. Quelques heures de voiture plus tard, nous atteignons notre premier camp de base à 4800 mètres d’altitude. Après le déjeuner nous découvrons notre guide et notre équipement. Chaque binôme dispose d’un guide particulier (chaque agence doit proposer un guide pour deux personnes normalement). On se met ensuite en route pour une heure de randonnée jusqu’à arriver devant un mur de glace où nous allons nous entraîner à escalader avec nos crampons et piolets. Cet entraînement a pour but de nous préparer à l’escalade du mur de glace que nous trouverons sur notre chemin lors du dernier jour d’ascension.

Cet entraînement sera l’un des moments que nous avons préférés des trois jours. Notre guide a pris le temps de bien nous expliquer toutes les bases de l’alpinisme de haute montagne. De la mise en place de la corde, aux noeuds, en passant par les différents rythmes de marche avec crampons, c’est une vraie formation express à l’alpinisme que nous avons eue. Après deux heures d’entraînement il est temps de retourner au refuge car demain une grande journée nous attend.

2ème jour : Randonnée d’acclimatation et arrivée au second campement

Après une première courte nuit, nous partons pour une petite randonnée autour de notre refuge pour continuer notre acclimatation. De notre côté on a trouvé cette randonnée un peu éprouvante, surtout en prévision de l’après-midi qui nous attendait. Effectivement l’après-midi allait l’être encore plus. Sur le papier nous ne devions gravir que 400 mètres de dénivelé, mais entre 4800 et 5200 mètres d’altitude le manque d’oxygène se fait ressentir comme le poids du sac que nous devons porter sur notre dos. Pour arriver au second campement chaque grimpeur doit porter son sac avec tous ses vêtements et surtout tout son équipements (crampons, chaussures, piolets, vêtement d’altitude…). Au global ce sont 10-12 kilos que nous avons sur le dos pour nous lancer dans la l’ascension, qui il faut le dire, est plutôt difficile. La pente est raide et la fin avec corde et crampons sur des plaques de glace n’est pas très facile avec le sac sur le dos.

Une fois l’escalade terminée nous arrivons sur notre second campement à 5200 mètres. Comme beaucoup de refuges de montagne, il est pour le moins minimaliste. Il s’agit d’une minuscule maison de tôle où se trouvent empilés des matelas. Cependant, vu le peu de temps que nous allons passer ici, on ne va pas se plaindre du confort spartiate. On finit l’après-midi en profitant de notre traditionnel thé de coca avec une vue magnifique sur la montagne. Petit bonus, on a eu la chance d’assister au vol de condor juste au-dessus de nos têtes !

3ème jour : L’ascension du Huayna Potosi

Le deuxième jour nous allons au lit à 19h car le réveil à minuit risque d’être compliqué. L’ascension du troisième jour commence effectivement dans la nuit. Cela nous permet de profiter d’une neige bien solide et de limiter les dépenses d’énergie liées aux reflets du soleil et évidemment les risques d’avalanche. C’est donc à minuit que nous nous sommes levés en ayant à peine dormi une ou deux heures. Après avoir enfilé tout notre équipement, c’est cramponnés et encordés que nous nous lançons dans l’ascension du Huayna Potosi.

Dès le début nous nous rendons compte de la difficulté de la tâche qui nous attend. En effet, nous n’avons pas eu de chance avec une météo très froide (notre guide nous a révélé n’avoir jamais eu aussi froid sur la montagne). A la difficulté de chaque pas réalisé dans le noir, dans la neige, avec les crampons se rajoute donc le froid et les rafales de vent et de neige…

Au fur et à mesure de notre ascension Pauline commence à avoir des nausées. Nous continuons à monter en faisant attention à son état. Nous espérions à cet instant qu’il s’agissait de simples nausées et non pas de mal des montagnes. Malheureusement, alors que nous continuions notre montée Pauline nous dit que ses nausées devenaient de plus en plus fortes. Nous avons donc décidé de faire une pause aux alentours de 5800 mètres et là en voyant le visage livide de pauline qui était à deux doigts de vomir nous avons pris la décision de descendre.

Petite déception pour ma part car je pense que j’avais ce 6000 mètres dans les jambes et les poumons et notre guide Eloy a, contrairement à son engagement originel, refusé de me prendre dans sa cordée pour que je continue l’ascension en soulignant la mauvaise météo et la faible forme du binôme qu’il avait avec lui…

Bilan : Une légère déception mais une inoubliable expérience d’alpinisme de haute montagne

 

Finalement, la déception de ne pas avoir étés jusqu’au sommet laissera rapidement place à la satisfaction de toute l’expérience que nous avons vécue. C’était une première pour nous, et quelle première ! Nous avons appris à faire des nœuds d’alpinisme, à escalader un mur avec piolets, à marcher avec des crampons… Cette première expérience d’alpinisme nous aura permis de nous rendre compte de la difficulté de cette discipline. Mais bien loin d’être découragés nous n’avons qu’une hâte, retenter notre chance sur un nouveau sommet !

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